Décembre 2016
CINEMA ET POLITIQUE TERRITORIALE
La gestion d’une salle de cinéma classée Art et Essai est, sans aucun doute, un métier très singulier qui nécessite de la passion, de la persévérance et une indéniable énergie quotidienne. Mais cette singularité professionnelle implique souvent un certain isolement sur nos territoires. C’est la raison pour laquelle nombre d’entre nous adhèrent à des réseaux de salles couvrant le département ou la région. Ces réseaux, qui ne sont pas directement exploitants, fédèrent des énergies autour des missions suivantes :
- le lien créé entre les salles et les échanges d’informations professionnelles ;
- le rôle parfois indispensable dans l’accès aux films par la programmation et la circulation des films recommandés Art et Essai ;
- la valorisation des films de patrimoine, des documentaires de création, des court-métrages ;
- les missions d’éducation à l’image et au cinéma à destination des élèves des écoles, collèges et lycées ;
- leur implication dans la modernisation et l’équipement numérique ;
- leur accompagnement des évolutions sectorielles et leur mission de formation des équipes des salles ;
- les connexions qu’elles permettent avec l’ensemble de la filière audiovisuelle et cinématographique ;
- leurs initiatives pour l’organisation de festivals, de rencontres, d’animations que certaines salles ne pourraient pas mener seules ;
- la représentation des intérêts de la filière avec les collectivités territoriales ;
- le soutien de ses adhérents, en collaboration avec l’AFCAE, sur l’aménagement cinématographique du territoire (CDAC / CNAC).
25 associations territoriales (représentant 800 cinémas) sont adhérentes de l’AFCAE et cherchent, à travers un groupe de travail qui se réunit désormais 4 fois par an, à développer des synergies et une mutualisation des informations et des ressources pour améliorer le travail de chacun sur nos territoires. Cette année, trois dossiers importants pour les salles ont été au cœur de notre action.
La réforme territoriale, tout d’abord, qui a considérablement modifié, depuis le 1er janvier, les contours des nouvelles Régions, mais aussi les compétences respectives des autres collectivités territoriales. L’exploitation étant soutenue, en investissement et en fonctionnement, par ces acteurs publics, le groupe a constamment échangé pour travailler au mieux avec notre environnement professionnel et pour comprendre les priorités du secteur à l’échelle nationale comme à l’échelle locale.
Dans le même temps, le CNC a engagé un tour de France des nouvelles Régions, afin de préparer la prochaine génération des conventions Etat/CNC/Régions. Ces conventions sont importantes pour le financement croisé des œuvres (titre 1), l’éducation à l’image, la diffusion et les festivals (titre 2), et l’exploitation (titre 3). Elles fixent pour la période 2017/2019 les engagements des signataires. La place de l’exploitation y sera, pour cette prochaine génération de conventions, globalement beaucoup plus présente qu’elle ne l’était jusqu’alors. Cela notamment grâce à la volonté du CNC et à l’action coordonnée de l’AFCAE et des associations territoriales.
C’est ainsi notamment que nombre de ces conventions permettront le co-financement de postes de médiateurs culturels pour les salles dès 2017, qui devront permettre une réelle différenciation dans la perception par le public de nos cinémas.
A terme, il s’agit aussi de sensibiliser les Régions à l’importance d’une politique publique de soutien volontaire en faveur de nos cinémas qui structurent les territoires : modernisation et extension doivent permettre de développer l’attractivité des salles, en renforçant leur pérennité économique.
Enfin, notre groupe de travail s’est attaché à mieux échanger sur les projets de création ou d’extension de multiplexes qui mettent souvent en danger l’équilibre d’un territoire et les investissements – publics ou privés – qui ont pu y être développés. Ce qui a permis un développement d’une intervention coordonnée des associations auprès des commissions départementales et de la Commission nationale d’aménagement cinématographique. Le plus souvent, en lien avec l’AFCAE.
Aller au cinéma, notamment en milieu périurbain ou rural, est un acte social. Il nous faut élargir nos publics, notamment les occasionnels, en leur faisant partager une expérience dont le film est évidemment le centre, mais dont nous devons assumer le contour ; de l’accueil à la communication, en passant par la réflexion proposée à nos publics, notamment dans le cadre des débats qui suivent la projection...
Notre groupe des associations se veut une boite à idées, réceptacle de chacune de vos interrogations et de vos doutes, mais également de vos aspirations et de vos innovations. Il est ouvert à toute proposition et nous souhaitons qu’en 2017, vous n’hésiterez pas à nous solliciter ! Pour que nous améliorions, sur la base d’une réflexion commune, les pratiques des salles Art et Essai !
Rafael MAESTRO
Responsable du Groupe des associations territoriales