MA VIE MA GUEULE
Festival de Cannes 2024 - Quinzaine des Cinéastes, Film d’Ouverture
bande annonce afcae
Cette bande annonce, créée par l'AFCAE, en collaboration avec Jour2Fête, permet un éclairage supplémentaire sur le film, grâce à une interview de la productrice Julie Salvador et des comédiennes, Agathe Bonitzer et Agnès Jaoui.
Elle est disponible en DCP sur le Stock Numérique de Cinego et vous pouvez la visionner, la télécharger au format web sur la plateforme Vimeo de l'AFCAE et la partager sur les réseaux sociaux.
Synopsis
Barberie Bichette, qu’on appelle à son grand dam Barbie, a peut-être été belle, peut-être été aimée, peut-être été une bonne mère pour ses enfants, une collègue fiable, une grande amoureuse, oui peut-être… Aujourd’hui, c’est noir, c’est violent, c’est absurde et ça la terrifie : elle a 55 ans (autant dire 60 et bientôt plus !). C’était fatal mais comment faire avec soi-même, avec la mort, avec la vie en somme…
LE MOT DES EXPLOITANT·ES
De la promotion 1990 de la Fémis dont elle faisait partie aux côtés de Noémie Lvovski, Solveig Anspach ou encore Arnaud des Pallières, jusqu’au 31 juillet dernier où elle a succombé à la maladie à l’âge de 58 ans, Sophie Fillières aura, outre ses activités de scénariste, réalisé une petite dizaine de films (trois courts et sept longs). Corpus aussi léger que précieux en ceci qu’il impose au paysage cinématographique français une forme comique absolument singulière, mélangeant la tradition française du cinéma de la parole à une certaine loufoquerie anglo-saxonne. Ainsi le don absolu de Sophie Fillières pour écrire des dialogues aussi farfelus que poétiques s’allie dans ses films à un sens impeccable du burlesque de situation. Ajoutons à cette force comique, un trait tragique particulier : pour se sortir du mauvais pas dans lequel ils se trouvent les personnages de Sophie Fillières n’ont pour seul outil que le langage qu’ils ne cessent de tricoter comme pour s’inventer un filet où leur corps pourra retomber sans dommage. Dans un monde où le fabuleux s’est envolé (la magie du père dans Ma vie ma gueule n’opère plus), il ne reste plus que l’affabulation. Les personnages s’en remettent donc aux mots qui vont et viennent, parfois piégés, un peu comme on joue à la marelle (le mot, étant comme on sait, la mort sans en avoir l’r). C’est le cas ici de Barberie Bichette, admirablement interprétée par Agnès Jaoui, cinquantenaire sonnée par la maladie et la menace de la mort qui rôde déjà. Philippe Katerine joue le rôle du loup enjôleur qui tourne autour de la Bichette ; loup qu’il s’agira d’apprivoiser… Comme souvent dans les films de Sophie Fillières, le personnage principal est d’abord bloqué, piétine, s’accroche avec les autres, s’évanouit face au vertige du redoublement de toute chose (motif du miroir et du retour du passé perdu), jusqu’à ce que, et c’est là le miracle de la seconde partie de ce film magnifique, Barberie file à l’anglaise et donne consistance aux mots qu’elle a élus. Elle trouve alors un coin de terre ferme sur lequel elle pourra se tenir droite et s’instituer princesse. Un royaume. À ce moment du film, les larmes qui se mêlaient aux rires des spectateurs durant la projection de Ma vie ma gueule en ouverture de la dernière Quinzaine des cinéastes n’étaient pas seulement dues à l’absence physique de Sophie Fillières dans la salle mais bel et bien à la consistance de son art. Chapeau !
Luc Lavacherie - La Coursive, La Rochelle
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