Hugues et Alain
La nouvelle est tombée brutalement pendant le Festival de Cannes : disparition, à 50 ans, de Hugues Ménager, une des figures bien connue et tout particulièrement appréciée de la maison Gaumont, côté distribution. Nous tenons, ici, à lui rendre hommage. C’était un réel plaisir de travailler avec lui. Clair, direct et à l’écoute. Avec la conviction tranquille qu’il y a toujours une solution à trouver même dans les situations un peu difficiles, un peu tendues. La cinéphilie d’Hugues était ouverte et généreuse avec ce souci de trouver la bonne place, la bonne durée pour les films qu’il distribuait tout en respectant les spécificités et les contraintes de chaque cinéma. Il était passé par la case ADRC et en avait gardé cette connaissance si précieuse du terrain. Il connaissait les lieux comme les personnes et cela facilitait grandement le dialogue.
Et, à cette triste nouvelle, vient s’ajouter, il y a quelques jours à peine, une autre disparition d’une personnalité du métier. Également discrète. Il s’agit d’Alain Duchâtel, bien connu de l’exploitation lyonnaise et bordelaise. Alain a successivement dirigé Les Alizés à Bron et Les Colonnes à Blanquefort. Il a démarré à une époque où l’exploitation des cinémas de périphérie était une véritable course d’obstacles : pour retenir le public attiré par le centre-ville de la ville-centre, pour arracher un accès en nationale à certains films incontournables, pour trouver le meilleur équilibre entre le grand public et l’Art et Essai et pour convaincre inlassablement les élus de la nécessité de leur soutien. Alain travaillait dans la durée, imperturbable et convaincu. Ce n’était pas un pur et dur. Plutôt un doux qui aimait les mélanges. Les mélanges de films et le mélange des publics, avec toujours une exigence de qualité. À Blanquefort, il était devenu le directeur du Centre culturel, développant une programmation de spectacles qui rivalisait avec les institutions bordelaises. L’une de ses grandes réussites fut la création du festival L’Échappée belle qui acquit rapidement une notoriété nationale. Il avait réussi son pari : rassembler pendant quelques jours autour d’une programmation joyeuse et inventive tous les publics et toutes les générations, les enfants, les ados et les adultes, les néophytes et les amateurs. Qui peut en dire autant ?
Hugues et Alain étaient réellement deux belles personnes. L’un des plaisirs, l’un des enrichissements de notre métier est justement de côtoyer des gens comme eux. Ils travaillaient pour l’intérêt général avec sincérité et sérieux. Ils vont nous manquer et nous adressons nos pensées les plus amicales à leurs proches ainsi qu’à leurs familles. Mais, le plus bel hommage qu’on puisse sans doute leur faire, c’est que leur esprit et leur passion continuent de nous inspirer.
François Aymé
Président de l'AFCAE