Juin-Juillet 2014
Cette année encore, nos Rencontres nationales Art et Essai ont connu un grand succès, grâce notamment à la grande qualité de la sélection des films proposés, dont cinq ont d’ailleurs fait l’objet d’un soutien du Groupe Actions Promotion. Nous avons également tous apprécié la richesse et le dynamisme des débats, tant lors de la table ronde que lors de notre Assemblée générale annuelle, au cours de laquelle ont été élus cinq nouveaux administrateurs qui, comme les générations précédentes, nous en sommes certains, auront à coeur de s’investir pour la préservation et le développement de notre bien commun qu’est l’AFCAE.
Nos Rencontres cannoises ont aussi été l’occasion pour Frédérique Bredin d’annoncer le nouvel effort du CNC en faveur des salles classées, par une augmentation de plus de 300 000 euros de l’enveloppe consacrée à l’Art et Essai. Il nous faut ici saluer cet effort consenti dans une période où les ressources du CNC – et donc du secteur – font de nouveau l’objet de convoitises pour faire face au déficit du budget de l’État.
Ce signe de soutien en direction de nos salles est rassurant alors que, dans le cadre des Assises du cinéma, une organisation professionnelle en particulier voudrait mettre à mal le dispositif de la recommandation et du classement Art et Essai, en considérant que seul le travail en direction des films les plus « fragiles » devrait être récompensé. Ce que nous interprétons comme une volonté, non seulement de justifier un placement prioritaire des films d’auteurs « porteurs » dans les principaux circuits, mais aussi d’éviter le traitement des questions de fond liées à la concentration qui expliquent essentiellement les dysfonctionnements du marché de l’exploitation.
Pour notre part, et alors que le CNC a proposé un premier train de mesures, dont aucune ne concerne encore directement la diffusion en salles, nous avons défendu la nécessité de préserver le dispositif actuel en renforçant l’aide Art et Essai par une bonification complémentaire de nature à récompenser l’ensemble des salles, quels que soient leur statut et leur situation, qui oeuvrent en faveur des films recommandés les moins exposés. Évidemment, nous avons également indiqué que le seul aménagement du soutien à l’Art et Essai ne saurait suffire à résoudre la dérégulation du secteur, en rappelant l’urgence de réformer et d’inventer des outils de régulation à même d’en assurer un meilleur fonctionnement, en garantissant le pluralisme des acteurs et la diversité de l’offre de films sur notre territoire. Pour appuyer nos positions, nous avons proposé des mesures concrètes, notamment concernant les engagements de programmation, l’aménagement cinématographique du territoire, les mesures incitatives à développer dans le cadre de l’aide sélective à la distribution,
le renforcement des pouvoirs du CNC et du Médiateur pour améliorer l’accès aux films des salles Art et Essai indépendantes…
Nous observons que les positions et propositions de l’AFCAE sont soutenues par les organisations représentant la filière indépendante. Cette solidarité et cette prise de conscience collective sont une force, alors que le CNC a d’ores et déjà fixé, pour la rentrée, plusieurs objectifs à atteindre dans le secteur de l’exploitation, et notamment la régulation de la concentration de l’exposition des films sur les grandes villes pour assurer un accès aux films plus large dans les plus petites villes et une diffusion équilibrée sur l’ensemble du territoire. C’est là pour nous un pas important et nous souhaitons qu’il se poursuive par un examen de l’ensemble des questions qui nous paraissent essentielles pour garantir la pérennité de nos salles.
Patrick Brouiller, président de l ’AFCAE.