SEPTEMBRE 2015
18 ANS, LE BEL ÂGE
Nées il y a 18 ans sous l’impulsion d’un tout nouveau Groupe de soutien, fondé et mené par Alain Bouffartigue, les Rencontres Nationales Art et Essai Jeune Public sont rapidement devenues un temps et un espace de partage moteur dans le développement du travail mené par les salles Art et Essai, hors temps scolaire, en direction des plus jeunes spectateurs.
La majorité arrivée, Alain a choisi de laisser le Groupe Jeune Public, devenu adulte, continuer sans lui. Nos prochaines Rencontres, qui se tiendront du 16 au 18 septembre au cinéma Les Stars à Boulogne sur-Mer, seront donc une nouvelle étape. Et si, lors de son dernier rapport cannois, Alain nous a dit sa fierté du chemin parcouru, nous espérons que ces Rencontres initient un nouvel élan, dans la continuité du travail accompli.
Car, en matière de Jeune Public, le chemin parcouru est exemplaire, que ce soit en termes de maillage du territoire, de mise en réseau des salles, de repérage des films, de formation des personnels. L’augmentation continue du nombre de salles labellisées en témoigne et démontre l’investissement des structures adhérentes. Ainsi, en 2014, 623 cinémas ont bénéficié d’un label Jeune Public. C’est plus d’un cinéma classé sur deux.
Il est loin le temps de la sortie unique au moment des vacances scolaires... Après avoir débuté par un travail de repérage et de regroupement des films Jeune Public au sein d’un catalogue que nous allons numériser, le Groupe a rapidement développé une action de soutien, d’abord empiriquement (Kirikou et la sorcière, L’Enfant au grelot), puis par une collection dédiée, « Ma p’tite cinémathèque », dont nous éditons aujourd’hui le 131ème numéro...
Les salles Art et Essai sont donc parvenues, collectivement, en étroite collaboration avec les acteurs de la filière, à susciter une demande nouvelle pour des films de qualité, contribuant à revitaliser l’ensemble de ce secteur. Aujourd’hui, le Jeune Public est au catalogue de la quasi-totalité des structures de distribution et je ne crois pas que des films comme Adama ou Phantom Boy auraient vu le jour sans le volontarisme de notre mouvement et ses effets sur le marché. Cette belle évolution ne doit pas cacher les inquiétudes des salles devant le passage généralisé aux nouveaux rythmes scolaires et le risque de désengagement des collectivités dans le contexte actuel, renforcé par la réforme des régions. Dans le même temps, la concentration du marché au profit de la grande exploitation, avec le consumérisme qui l’accompagne, reste pour nous une préoccupation constante.
C’est pour tenter d’y répondre que, dépassant nos critiques de l’opération tarifaire pour les moins de 14 ans, nous avons fait le choix en 2015 de développer un partenariat avec la FNCF : imaginés par le Groupe, « Les Ateliers Ma P’tite Cinémathèque » proposent des animations culturelles d’accompagnement de films, principalement à des salles labellisées démarrant un travail pour le jeune public. Nous les avons voulus comme des moments festifs et incitatifs, mais aussi comme des temps de formation pour les permanents des salles. Depuis le début de l’année, 36 ateliers, dans 6 régions, ont déjà eu lieu autour du programme Le Petit Monde de Leo et de Shaun le mouton. Pour près de 2 000 entrées. Une belle réussite pour un premier essai, qui continuera sur le second semestre, par l’accompagnement de Neige et les arbres magiques, ainsi que de Phantom Boy. Et nous espérons pérenniser cette nouvelle action en 2016.
Au-delà, nous avons voulu que nos Rencontres de Boulogne-sur-Mer répondent à deux demandes liées aux inquiétudes des salles. La première relative au nouveau lien entre temps scolaire et temps de loisirs, du fait de la réforme intervenue : le changement de calendrier et la baisse de fréquentation généralisée de la séance du mercredi après-midi se sont accompagnés d’une demande plus forte de programmes pour les tout petits. Raison pour laquelle nous proposons un atelier sur le très jeune public, les 2-4 ans.
La seconde, plus structurelle, concerne la question centrale du renouvellement du public et de la place des jeunes de 12 à 18 ans dans nos salles. Nous aurons un temps d’échange sur ce sujet, pour favoriser de nouvelles expérimentations, dont la première consistera en un programme thématique de films fantastiques, conçu en partenariat avec l’Agence du Court métrage, prochainement disponible pour une diffusion en salles.
Finalement, pour fêter sa majorité, le Groupe Jeune Public se lance de nouveaux défis, dans le sillage du travail effectué du temps de ses premiers pas, et en s’appuyant sans complexe et avec fierté sur le travail et l’engagement d’Alain et de tous les membres qui l’ont constitué au fil des années, ainsi que des permanents de l’AFCAE qui l’ont coordonné, que je voudrais ici encore saluer pour leur implication et leur énergie, mises au service du collectif.
Guillaume Bachy,
administrateur responsable du Groupe Jeune Public